Béton de chanvre

Une réponse innovante en milieu urbain dense

Un éco-matériau innovant

Contrairement à ce que laisse supposer son appellation, le béton de chanvre n’a rien à voir avec le béton traditionnel. Non structurel, c’est un matériau de remplissage isolant et écologique. Sa pose sur ossature porteuse (généralement en bois) l’apparente aux principes constructifs historiques des milieux urbains denses : les constructions à pan de bois et à pan de fer. Conjuguant les qualités du chanvre et de la chaux, il est projeté horizontalement sur un fond de coffrage provisoire ou définitif. Il assure ainsi une isolation répartie de la construction, réduisant significativement les ponts thermiques. La nature hygroscopique du chanvre dote les parois d’une respiration saine et naturelle, évitant l’effet « boîte étanche ». Son caractère inerte améliore le confort d’été et d’hiver. Enfin, le béton de chanvre n’est pas limitatif et permet de réaliser tous types de façade (bardages bois, zinc, enduits...).

Sobriété énergétique

Le béton de chanvre permet d’atteindre les objectifs énergétiques ambitieux du Plan Climat de la Ville Paris, sans surenchère particulière au niveau de l’épaisseur des parois. Seul problème persistant à l’heure actuelle : les qualités du béton de chanvre outrepassent les critères réglementaires d’évaluation des performances thermiques, mieux adaptées aux isolants hydrophobes. Alors que le caractère hygroscopique du béton de chanvre lui permet de s’opposer aux flux énergétiques par la chaleur latente de la vapeur d’eau absorbée ou libérée, les gains de performance associés (de l’ordre de 20%), ne sont actuellement pas pris en compte par les modes de calcul. Pour y remédier des laboratoires français et britanniques mènent actuellement des recherches destinées à caractériser scientifiquement ce comportement spécifique afin de mieux le valoriser.

Sobriété constructive

La légèreté du matériau et la simplicité de sa mise en œuvre font qu’il est particulièrement bien adapté aux situations urbaines denses et notamment aux problématiques de « dent creuse » ou de parcelle exigüe. Le béton de chanvre étant projeté, il génère un chantier propre, silencieux, ne nécessitant ni intervention de machines de construction lourde, ni la mise en place de fondations surdimensionnées.

Un matériau durable

Ressource à 75% renouvelable (en volume), le béton de chanvre est issu d’une production agricole annuelle possédant des rendements importants et ne demandant pas d'intrants phytosanitaires (insecticides, fongicides, désherbants). Matériau exempt de polluants toxiques et faiblement inflammable, il n’est pas nuisible pour la santé des habitants et réduit les risques en cas d’incendie. Production à faible énergie grise incorporée, elle présente également un bilan carbone positif, notamment par la quantité de CO2 captée lors de la prise de la chaux aérienne et de la culture du chanvre. Pour toutes ces raisons, le béton de chanvre est un matériau parfaitement sain et écologique qui permet en outre de réduire les consommations énergétiques du bâtiment tant au niveau de son exploitation que de sa construction. Une étude comparative du projet avec des solutions constructives dites « traditionnelles » démontre que les consommations énergétiques d’exploitation du bâtiment ainsi que l’énergie grise utilisées sont toutes deux réduites de moitié. Ainsi globalement, le bilan carbone du projet est réduit d’un facteur 3 par rapport à une construction traditionnelle.

Vers une certification ?

Si la construction en béton de chanvre voit naître de plus en plus de réalisations en milieu rural elle peine encore à s'imposer en milieu urbain dense. En effet, les conditions actuelles d’accès à la certification des produits et à la couverture par les assurances est un frein important à l’émergence des éco-matériaux dans le secteur de la construction. Ainsi, contrairement à d'autres pays européens, le béton de chanvre ne dispose pas aujourd’hui en France de DTU, d’Avis Technique ni de classement au feu ce qui complique considérablement sa mise en œuvre. Malgré des retours d’expérience de plus 20 ans, le matériau est considéré à tort comme expérimental et son emploi encore « confidentiel » complexifie le travail des maîtres d’œuvre et apeurent encore souvent les maîtres d’ouvrage.

 

Pour en savoir plus, consultez :
• le ZOOM SUR LE CHANTIER de la rue Myrha
• le projet réalisé au 37 RUE MYRHA

Photos : © Fabrice MALZIEU